Tortue du 21 rue Lhomond21 rue Lhomond
Au fronton de cet immeuble, une bizarrerie : une tortue en plâtre scellée  au faîte du bâtiment au moment de sa reconstruction il y a 20/25 ans, sans autre signification qu’un pied de nez inoffensif au STAP (Service territorial de l’architecture et du patrimoine).
"Ma nuit chez Maud" - Eric Rhomer - 1969
On peut aussi penser que c'est là que fut tourné en 1966 le court métrage "Comédie" de Marin Karmitz d'après Beckett avec Delphine Seyrig et Michael Lonsdale. ("Une autre idée du cinéma. MK2 40 ans après" - Collectif - MK2 Agency - 2014)
▶ Quelques années plus tard, au milieu des années 50, accompagnant le développement de l'audiovisuel éducatif sous l'égide de l'Institut Pédagogique National du 29 rue d'Ulm, ces locaux devinrent une "Unité de production" de la Radio-Télévision Scolaire. Les films étaient tournés en format cinéma couleur, muet, reconvertis en format 8mm ou super 8mm pour l'exploitation dans les classes d'école. Une notice écrite accompagnait les films et faisait fonction de commentaire.
De 1977 jusqu'à son déménagement à Noisy-le-Grand en 1989, le "Studio Lhomond" fut ensuite intégré à l'Ecole Nationale Supérieur Louis Lumière.
"Studio Lhomond" - (Collection Philippe Carré)"Studio Lhomond" - (Collection Philippe Carré)"Studio Lhomond" - (Collection Philippe Carré)
▶ Après la capitulation allemande, les locaux furent réquisitionnés par les Domaines et, pour partie, cédés dès octobre 1945 au producteur de cinéma Pierre Braunberger qui, après les avoir équipés et sonorisés les transforma en studio de cinéma ("Studio Lhomond") où furent réalisés plusieurs films et courts métrages. (in "Cinemamémoire" page 139 - Pierre Braunberger, propos recueillis par Jacques Gerber - Editions du Centre Pompidou - 1987). C'est ici, par exemple, que fut tourné la très longue scène dans l'appartement de Maud, reconstitué avec des meubles Knoll et des reproductions de Léonard de Vinci au mur, du film co-produit par Pierre Braunberger, "Ma nuit chez Maud" d'Eric Rhomer. Ce dernier, de sa jeunesse à sa mort rue d'Ulm le 11 janvier 2010, fut un fidèle habitant du quartier : "Pour vous, habitants du Quartier Latin, je suis le voisin anonyme qui parcourt inlassablement les vieilles rues et leur trouve toujours plus de saveur parce qu'elle réponde à mon amour profond d'un Paris ancestral". ("Eric Rhomer et le Quartier Latin" - Bulletin du 5e arrondissement de Paris - Printemps 1973).
Plaque au mur du 23 rue LhomondL‘Abbé Stock, sa soeur et des amis devant l‘entrée (haut) - Noël au foyer (bas) - Circa 1935L‘Abbé Stock et le Cardinal Roncali (futur Jean XXIII)
Après avoir été ordonné prêtre en 1932, Il sera le recteur de la mission catholique allemande de Paris entre 1934 et 1939 puis de nouveau à partir de 1940 jusqu'à la fin de la guerre.
C'est dans les locaux du 21-23 acheté par l'Ambassade qu'il installera l'aumônerie, le foyer catholique ainsi qu'une petite chapelle. L'Abbé Stock sera le leader de la communauté catholique allemande de ces années-là, organisant des visites culturelles dans et aux alentours de Paris et célébrant les fêtes carillonnées, y compris celles spécifiques à la culture catholique allemande, sans pour autant faire l'apologie du parti ayant pris le pouvoir en 1933 outre-Rhin. Un peu avant la déclaration de guerre, le 26 août 1939, il est rappelé en Allemagne, avant de revenir en aout 1940 à Paris où il assumera ses fonctions pastorales, aussi visitant inlassablement les prisons, avant même d'être officiellement chargé de cette mission de prendre soin des détenus dans les prisons et de préparer et d'accompagner les condamnés à mort. Parmi ceux-ci Honoré d’Estienne d’Orves, arrêté pour faits de résistance, qui, avec son concours, effectuera une véritable ascension spirituelle, scellant d’avance la réconciliation franco-allemande, et qui  écrit en août 1941 avant d’être exécuté : "Je prie Dieu de donner à la France et à l’Allemagne une paix dans la justice comportant le rétablissement de la grandeur de mon pays".
En août 1944 il devient brièvement prisonnier de guerre, avant de se consacrer à ce que l'on a appelé le "Séminaire des barbelés", c'est à dire un séminaire pour théologiens allemands prisonniers.
Le séminaire est dissous en juin 1947 et l'Abbé meurt subitement à 44 ans le 24 février 1948.
21-23 rue Lhomond
▶ A cette adresse vécut, quasiment sans interruption, de 1934 à 1944 l'Abbé Stock qui fut le premier allemand admis à l'Institut Catholique de Paris depuis le Moyen-Age.
Square Oronce FineSquare Oronce FineSquare Oronce Fine
Au coin de la rue Lhomond et de la rue Amyot, il ya une petit square clos, non accessible au public mais entretenu par la Ville de Paris, sans doute une influence ancienne de l'ancien propriétaire de l'hôtel particulier voisin dont c'était une dépendance. Dans le courant du mois d'octobre 2013, il a été baptisé Square Oronce Fine, du nom du mathématicien et cartographe bien connu... (tant qu'il n'a pas été baptisé Square Leonarda) !
Claude François Poulart des Places et François LiebermannRP François Liebermann
 
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Soeurs Missionnaires du Saint-EspritEugénie Caps, Soeur Eugénie
Ateliers Beaudoin (in "Charles Beaudoin - Une histoire d‘instruments scientifiques" - EDP Sciences - 2005)
Cet immeuble fait désormais partie de l'ensemble d'habitation des "Résidences du Panthéon", dont l'entrée principale est au 33 de la rue, numéro auquel une page spécifique est dédiée qui est accessible directement en cliquant sur le bouton  ⇒
Congrégation du Saint Esprit
▶ A partir de 1922, la maison abrite la "Société des Soeurs Missionnaires du Saint-Esprit", dont la lorraine Eugénie Caps, Soeur Eugénie, fut en grande partie l'inspiratrice. "Les efforts des missionnaires ne produiront jamais de fruits suffisants, s'ils ne sont pas aidés par des femmes apôtres, qui seules peuvent s'approcher librement des femmes. Puis peu à peu on a la famille, et, par la famille la société", ainsi le Cardinal Lavigerie, fondateur de la "Société des missionnaires d'Afrique" (les Pères blancs) définissait-il le rôle dévolu aux soeurs.
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En 1907, les Bénédictines du Saint-Sacrement donnent en location cette maison à Charles et Nancy Beaudoin, ils habitaient à l'étage et les ateliers de l'entreprise d'outils et d'instruments de précision étaient au rez de chaussée. Le succès de la société rendent les locaux trop exigus, c'est en face au 34 que l'aventure de l'Entreprise Charles Beaudoin se développera, tout en gardant des ateliers dans les locaux jusqu'en 1970.
A ce numéro et avec le 28 (Entrée de la Chapelle que l'on doit à l'architecte Chalgrin), s'élèvent ici les bâtiments de la Congrégation du Saint-Esprit et du Saint Coeur de Marie (Spiritains).
Monsiegneur Lefèvre et Pie XIIBlason des Spiritains
Il s'agit d'une congrégation toujours très vivante et dynamique, dont le Supérieur Général à Rome est le Père Fogarty depuis 2012 ; elle est née de la "fusion" du Séminaire du Saint-Esprit fondé en mai 1703 par Claude-François Poullart des Places et de la Congrégation du Saint Coeur de Marie fondée en 1841 par François Liebermann, juif et fils du rabbin de Saverne, converti au catholicisme - comme répondait Mgr Lustiger à son ami Roland Dumas "Tout juif converti est un juif accompli" !
Pendant plus de 150 ans, jusqu'en 2009, les Spiritains furent en charge du "Séminaire Français de Rome", fondé en 1853 par le Père Louis-Marie Banazer de Lannurien, avant que la charge de cette oeuvre ne fut confiée à la "Confédération des Evêques de France", les Spiritains ne pouvant plus mobiliser assez de prêtres pour la poursuivre. Tant l'histoire que l'activité de la Congrégation sont abondamment documentés et point n'est besoin de s'étendre sauf sur deux point précis que le politiquement correct à l'oeuvre de nos jours a fait considérablement occulter.
Pendant très longtemps, en fait jusqu'après la seconde guerre mondiale, les Spiritains étaient connus comme la "Mission des Colonies Françaises" et, d'ailleurs, depuis 1816, le Séminaire du Saint-Esprit était chargé de "fournir le clergé à toutes les colonies Françaises". Le mot est évidemment banni aujourd'hui, d'autant plus si, malheureusement, on étudie l'histoire du XIXe siècle au prisme des idées à la mode prédominantes au XXIe siècle.
En second lieu, la Congrégation a eu à sa tête, élu comme Supérieur Général, de 1962 jusqu'à sa démission en 1968, une personnalité très largement connue en dehors du monde des Spiritains. Il s'agit de Monseigneur Marcel Lefebvre qui passa, quand même, plus de trente ans au sein de cette Congrégation, tant en mission aux Colonies, comme cela s'appelait alors, qu'à la tête de la Congrégation. C'est sous le Supériorat de Mgr Lefebvre que le chapitre général vota le transfert de la maison généralice à Rome, la maison de la rue Lhomond devenant le siège de la "Province de France autonome".
Cet immeuble fait partie de l'ensemble d'habitation des "Résidences du Panthéon", dont l'entrée principale est au 33 de la rue, numéro auquel une page spécifique est dédiée qui est accessible directement en cliquant sur le bouton  ⇒
De 1814 à 1822, ce bâtiment de la Congrégation du Saint-Esprit, fut occupé par le "Pensionnat Normal" qui avait été fondé par Napoléon pour "former à l'art d'enseigner les lettres et les sciences". L'institution prenait la suite de l'Ecole Normale, créée en 1794 et refondée sous l'Empire en 1808, supprimée en 1822, avant de renaître en 1826.
L'Abbé Lemire (1853-1928), maire de Hazebrouk et député du Nord jusqu'à sa mort en 1928 avait ici son domicile parisien sur lequel sa gouvernante alsacienne, Caroline Vincent, exerçait un empire quasi-absolu.
Jusqu'à son expropriation en 1931, l'appartement sert à la fois de domicile et de siège pour la "Société des Jardins ouvriers de Paris et banlieue", créée par l'Abbé qui présidait déjà la "Ligue française du coin de terre et du foyer" formée en 1897. L'Abbé qui, dans sa profession de foi de député le 10 avril 1893 avait indiqué : "Ce que je veux, c'est que pour tout ouvrier, la maison de famille et le jardinet qu'il a acquis par son travail, soient insaisissables, exempts d'impôt et de frais de succession".
C'est l'emplacement de l'Hôtel de Sainte-Aure.
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En septembre de l'année suivante, Monseigneur de Harlay, Archevêque de Paris aux moeurs très libres (il était réputé être très lié à Madame de Bretonvilliers, au point que celle-ci était surnommée "La Cathédrale" !), donna son consentement à l'établissement des religieux. La maison fut supprimée à la Révolution en 1790.
Abbé Lemire
Le "Séminaire Anglais" était situé ici. C'est Louis XIV en février 1684 qui accorda des lettres-patentes autorisant l'établissement d'une communauté d'ecclésiastiques séculiers anglais.
Bien que cette section aurait dû commencer seulement au n°21, nous démarrerons au n°18 avec les laboratoires de physique de l"Ecole Normale Supérieure" s'étendant du n°18 à 24. L'Hôpital du Panthéon, qui s'élevait précédemment au 18, est évoqué à la page précédente.
Laboratoire de physique de l‘Ecole Normale Supérieure
Comment a-t-on pu concevoir et construire des bâtiments aussi hideux ? ("...déplorables constructions modernes..." P. Lefrançois)
C'est au mathématicien Ernest Vessiot (1865-1952), alors directeur de l'ENS, que revient la responsabilité de la construction des laboratoires. Ces nouvelles constructions font partie d'un vaste programme d'agrandissements comprenant de nouveaux laboratoires de chimie, de sciences naturelles, de physique, ainsi que des logements pour les élèves.
Cet ensemble sera réalisé sur un terrain de 8.500 m2, de forme irrégulière, en bordure des rues Lhomond et Erasme (alors rue de Courcelle-Seneuil, percée pour l'occasion). Le bâtiment destiné aux logements sera construit sur l'emplacement de l'Ecole actuelle, rue d'Ulm. L'ensemble sera réalisé sur les plans des architectes Guilbert, père et fils. Voir article de l'Illustration du 1 janvier 1930
   Rue Lhomond
            
              Instrumentum laboris