Rue Lhomond

            

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▶ "Brancourt, vêtu d'une longue redingote lui tombant sur les talons, coiffé d'un magnifique haut de forme, une longue chambrière à la main, régnait au manège du Panthéon". Ainsi s'exprimait le futur Président Lebrun (X, promotion 1890) lors d'une réunion des anciens élèves de Polytechnique, évoquant ses cours d'équitation au Manège du Panthéon.

Déjà à cette époque, le manège était devenu une succursale du manège Duphot qui, fondé en 1828 par le compte d'Aure, l'absorba en 1875.

Il y avait à l'époque 22 chevaux, qui se louaient 4 francs de l'heure, les stalles sont toujours visibles dans  locaux actuels reconvertis en résidence étudiante.

▶ Au-delà des subtilités du dressage, l'endroit servait aussi de lieux de réunions politiques. Dans la "Revue socialiste", on peut lire, par exemple, que le 1er octobre 1885 se tint une réunion du syndicat des PTT. Plus tard, en décembre 1921, le pacifiste Marc Sangnier présida la réunion plénière du 1er Congrés Démocratique International qui fut très très chahutée par les Camelots du Roi d'Action Française.

▶ Le samedi 11 juin 1927, "La Fronde", alors hebdomadaire, annonce la tenue d’une réunion de la Ligue des droits de l’homme au soutien de Sacco et Vanzetti, anarchistes d’origine italienne qui auraient commis des braquages dans le Massachussetts, finalement condamnés et exécutés en août 1927. Toute l’intelligentzia de gauche d’Aragon à Moustaki, en passant par Gatti ou Leny Escudero a défendu la mémoire de ces 2 compères, jusqu’à Joan Baez et ses 4 vers répétés en boucle dans sa chanson lancinante (scie ?) sur la musique d’Ennio Morricone que l’on entendait partout et tout le temps à l’été 1971.

Pour la petite histoire, "La Fronde", le journal de Marguerite Durand, paru entre 1897 et 1930, fut le premier journal entièrement conçu et réalisé par des femmes.

Sur un terrain mitoyen plus au sud (voir plan) de celui des Bénédictines de la Présentation de Notre-Dame, les "Filles de Saint-Michel" occupaient les lieux. En avril 1724, Louis-Antoine de Noailles, (à droite) Cardinal-Archevêque de Paris, s’associa à Marie-Thérèse Le Petit de Vernon de Chausserais pour acheter à cet endroit une grande maison et un jardin  pour y fonder un établissement tenu par les "Augustines de Notre-Dame de Charité et du Refuge", congrégation fondée à Caen en 1641 par Jean Eudes. Les religieuses, venues d'un couvent de la ville de Guingamp accueillaient des "filles pénitentes". A la Révolution la Communauté fut supprimée, les biens vendus. En 1808 la Communauté se reforma avant d'être expropriée à cause la restructuration du quartier (ouverture de la rue Vauquelin en 1823) et de s'établir rue Saint-Jacques, puis à Chevilly.

C'est en 1930 sous l'impulsion de Mademoiselle Yvonne de Coubertin (nièce de Pierre de Coubertin) que fut inaugurée la "Maison des étudiantes" dans un immeuble construit spécifiquement par l'architecte Paul Tournon selon la formule des habitations à bon marché par la société l'"HBM du logement féminin". De nos jours, Le bâtiment est une résidence universitaire réservée aux étudiants des classes préparatoires aux grandes écoles affectés dans les lycées parisiens, il est administré par le CROUS qui en a été le donataire, continuant ainsi l'oeuvre de la fondatrice.

La résidence a été complètement rénovée à la fin des années 2010




A gauche la façade de 1930 (in "L'architecte" n°4 1932) et ci- dessous la bibliothèque et la salle de conférences, à droite en 1930 et, à gauche, en 2010.

En 80 ans, rien n'avait vraiment changé !

Le "Passage des Postes" prend au 55 rue Lhomond pour rejoindre la rue Mouffetard 67 m. plus loin.

C'est la dernière manifestation de l'ancien nom de la rue Lhomond.

Selon Pessard, ce passage, d'abord fermé par des grilles, fut percé en 1830, par un sieur Barral de Mautauvrard, qui avait été autorisé par le Roi Charles X à ouvrir une rue sur cet emplacement.


Publié dans le journal "Tintin" entre août 1965 et juillet 1967 la bande dessinée "L'affaire du collier" de la série Blake & Mortimer créée par Edgar O. Jacobs se déroule à Paris, et, en partie, dans le Ve arrondissement, notamment passage des Postes (pages 56 et 57)

(c) Editions Blake et Mortimer


Cliquer sur les vignettes pour agrandir

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"Il sera délivré à partir du 28 décembre (1870), de 3 heures à 5 heures, au Dépôt municipal de la Rue Lhomond, 54, un décalitre de charbon de bois à tout porteur d’une carte de boucherie."


Ce jour-là était le 101e jour du siège de Paris par les armées prussiennes, les bombardements avaient débuté la veille dans certains quartiers, les conditions de vie de la population étaient très difficiles.

Du 51 au 55

▶ Le 8 septembre 1940, de fait, le manège et les écuries sont réquisitionnés pour l'hébergement de la troupe allemande, réquisition qui sera officiellement notifiée le 10 novembre de l'année suivante ("Paris dans la Collaboration" par Cécile Desprairies, Seuil, 2009).

▶ En juillet 1942, la Société d'Equitation de Paris est créée et s'installe à la fin de la guerre dans les locaux qu'elle quittera en 1955 pour s'installer au Bois de Boulogne avec le Touring Club de France.

▶ François Nourissier, dans ses mémoires, élève du manège du Panthéon, ne retient que "les années de cheval, une embellie" («A défaut de génie», par François Nourissier,  Gallimard, 2000).

Le bâtiment XVIIIe, jusqu'à sa destruction vers 1966 abrita plusieurs ateliers d'artiste au cours des XIX et XXe siècle. On relève la présence des sculpteurs François Popineau (1887-1951), Jean-Baptiste Langrand, et Michael Brenner (1885-1969), un temps ami de Gertrude Stein, et du peintre Marcel Boudou (1909-2007). Et puis bien sûr, il y a Charles Fouqueray et Jeanne Thil.

▶ Par arrêté du 27 février 2019, le Préfet de la région Ile de France a donné autorisation de faire apposer une plaque commémorative en hommage à Jeanne Thil, peintre orientaliste, et Charles Fouqueray, peintre officiel de la Marine, dont l'atelier se trouvait dans l'immeuble ancien (celui actuel date de 1966).

<- Charles Fouqueray (1869-1956) fut un des plus célèbres peintres officiels de la Marine de son époque, c'est un peintre dit 'orientaliste' très tourné vers l'Empire colonial, également illustrateur de talent.

-> Jeanne Thil, (1887-1968) acheva sa formation auprès de Charles Fouqueray après avoir été son élève à l'Ecole des beaux-arts. Comme son maître, elle est un peintre 'orientaliste', mais aussi très inspirée par la mer et les voyages, ayant, entre autres, produit des décors peints pour plusieurs paquebots, dont le "France".

Affiche pour la Cie Générale Transatlantique - Circa 1920

Ces 2 artistes figuraient dans l'exposition du Musée du quai Branly,

"Peintures des lointains"

Janvier 2018 - Février 2019

https://tinyurl.com/Expo-Peinture-des-lointains

▶ C'est sous la monarchie de juillet, en 1830, que remonte l'origine du corps des Peintres de la Marine tel qu'il existe de nos jours, ils dépendent du Service historique de la Défense.

Le titre de peintre de la Marine est accordé par le ministre de la Défense, sur proposition du jury du Salon biennal de la Marine, qui se tient au Musée de la Marine à Paris. Ce titre ne donne droit à aucune rétribution mais apporte des facilités pour accomplir des missions dans les ports et sur les navires à bord desquels ils sont régulièrement embarqués.

Il y a deux catégories de peintre, et l'ancre de marine suit leur signature, par tradition autant que par privilège.

     -> Les peintres agréés : ils sont nommés pour 3 ans renouvelables. Ils ont rang de "lieutenant de vaisseau". Leur nombre est limité à 20.     

     -> Les peintres titulaires : ils sont nommés après 3 périodes de 3 ans sous statut agréé et ils ont rang de "capitaine de corvette". Leur nombre n’est pas limité. Ils peuvent porter l’uniforme. Ils ne portent pas de galons car ils ne sont pas militaires mais seulement assimilés et n’ont aucune responsabilité dans la vie militaire, autre que celle d’artistes témoins.

Port de Saigon - Paquebot "Bernardin de Saint-Pierre" au quai des Messageries Maritimes - Circa 1930-31